Daniel Dumonstier
(Paris 1574 – 1646)
Portrait d’un gentilhomme
Pierre noire, sanguine, pastel et estompe
Exécuté vers 1630
Daniel Dumonstier fut le dernier représentant de l’une des plus importantes familles de portraitistes de cour de l’Europe des XVIe et XVIIe siècles. Il perpétua la technique du dessin aux crayons de couleurs (Dumonstier utilisait souvent une craie d’un brun léger) développée par Clouet qui ne connut plus, par la suite, la même vogue. Elle permettait de rendre avec réalisme et raffinement les expressions et attitudes des modèles.
Tallemant des Réaux, l’un des chroniqueurs les plus célèbres de son temps, disait de Dumonstier « Daniel du Moutier eut une âme sincère. Travaillant en crayon, il s’en fit de l’honneur ».
Jouissant d’une bonne réputation à la cour, il dessina en 1604 le portrait du futur Louis XIII.
Rares sont ses portraits gravés, à la différence de ceux de Nanteuil, ce qui indique qu’ils étaient destinés au cercle familial et non à une large diffusion.
Tallemant le décrit au travail : « Quand il peignait les gens, il leur laissait faire tout ce qu’ils voulaient ; quelquefois seulement, il leur disait : tournez-vous. Ils les faisait plus beaux qu’ils n’étaient ; il disait pour raison : ils sont si sots qu’ils croient être comme je les fais, et m’en paient mieux ».
Le succès rencontré par les œuvres de Dumonstier fut considérable. Peiresc, l’un des grands « curieux » de son époque écrivait : « Je ne puis venir à bout de Dumonstier parce que durant deux mois il n’a quasi bougé du Louvre à pourtaire des roynes, princesses et dames de la Cour avec tant d’assiduité qu’il faillit à mourir, ces jours passez ».
On retrouve dans notre feuille les traits caractéristiques de l’art de Dumonstier : finesse et extraordinaire réalisme psychologique (sensible dans les yeux et le sourire esquissé), usage discret de la couleur, attention portée à la mode vestimentaire. On peut rapprocher notre portrait de ceux de Gaspard de Daillon du Lude (Paris, Louvre) et du Chancelier Séguier (Saint-Pétersbourg, Ermitage) ; les deux modèles (tout comme le nôtre) portent une barbe « à la royale » en référence à cette mode lancée par Louis XIII.
Les dessins de Dumonstier furent collectionnés dès le XVIIe siècle par la famille de Béthune qui les offrit au roi.
La Bibliothèque Nationale de France, le Louvre, le musée Condé à Chantilly, le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et la collection Rothschild à Waddesdon Manor, en Angleterre conservent d’importants ensembles d’œuvres de l’artiste.
Daniel Lecoeur a récemment écrit le premier ouvrage monographique consacré à l’artiste, Daniel Dumonstier 1574-1646 (Arthena, 2006). Il nous a aimablement confirmé l’attribution de notre dessin.
255 x 187 mm