FELIX LECOMTE
(1737 – Paris – 1817)
Figure de l’Egalité
Esquisse en terre cuite
Haut : 26,6cm
1773
Exposition : Paris, Salon de 1773, n°220
Formé très tôt (avant 1751) dans l’atelier d’Etienne-Maurice Falconet, c’est surtout dans celui Louis-Claude Vassé (1716-1772), élève « favori » de Bouchardon que Lecomte poursuit sa formation, progressant avec une aisance qui émerveille tous ses biographes. Le fait qu’il reste dans l’atelier de son maître jusqu’à la mort de ce dernier en 1772 permet d’imaginer la communion d’esprit qui devait régner entre eux. Après l’obtention du premier grand prix en 1758 avec un relief représentant La Construction de l’Arche d’Alliance, Lecomte se voit ouvrir les portes de l’Ecole des élèves protégés, complément indispensable pour acquérir une culture humaniste étendue. Deux ans plus tard, en août 1761, muni de son brevet de pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Lecomte arrive au palais Mancini. Agréé en 1768 puis reçu à l’Académie royale en 1771 avec un groupe en marbre, 0edipe et Phorbas (Paris, musée du Louvre), l’activité de l’artiste oscille entre commandes privées et publiques, parmi lesquelles deux des « Grands Hommes » destinés à la Grande Galerie du Louvre, Fénelon (1777, Paris, Institut de France) ainsi que le Chancelier Rollin (1789, Paris, musée du Louvre). Enfin, une étroite collaboration avec l’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) permet à l’artiste d’être associé aux décors de l’hôtel d’Uzès (1767) de l’hôtel de Mademoiselle Guimard (1771) du pavillon de Louveciennes pour Madame du Barry (1771), et de l’Hôtel des écuries de Versailles (1773) pour lesquels il exécute essentiellement des bas-reliefs mythologiques ou allégoriques.
Fraîchement porté à l’Académie par son 0edipe et Phorbas (Paris, musée du Louvre) qu’il présente en 1771, Lecomte expose plusieurs numéros au Salon suivant. S’il donne à voir en habile courtisan le modèle d’un bas-relief aux armes de Madame la Comtesse du Barry, il présente sous le dernier numéro une bacchante dansant avec des cymbales et surtout – surtout – cette Allégorie de L’Egalité d’une monumentalité impressionnante et dans un style qui témoigne de ses liens étroits avec Clodion dont il puise, d’une certaine façon, la manière virevoltante pour se l’approprier, alliée à une construction des formes d’un synthétisme absolu, n’oubliant pas de faire mentionner dans le catalogue du livret qu’il s’agit ici d’une « esquisse ».
Lecomte a représenté l’Egalité telle qu’elle est définie par Ripa qui la figure « tenant une balance de la main droite et de la gauche le nid d’une Arondelle, qui donne à manger à ses petits ». Pour la balance le spectateur n’a pas besoin de traducteur. « L’Arondelle » représente également la justice car – précise t’il – les Egyptiens ont pris l’Arondelle pour un vrai Père de Famille, qui partage également son bien à ses enfants, à l’image de cet Oyseau charitable, qui fait égale la portion de ses petits, et qui n’ote jamais rien à l’un, pour le donner à l’autre ». La puissance d’un tel symbole profondément révélateur du malaise profond qui engloutira quinze ans plus tard l’Ancien Régime n’en est ici que plus fort.