(1727-1775)
Portrait de Madame de Pompadour
Huile sur toile
64,3 x 54 cm
Vers 1764
Francois-Hubert Drouais a donné avec son portrait en pied conservé à la National Gallery de Londres, l’une des images les plus célèbres de la marquise de Pompadour, avec celle, exécutée quelques années plus tôt, de François Boucher (1756, Munich, Alte Pinakothek).
Il n’a été étrangement retrouvé aucune trace de commande officielle dans l’”Inventaire des tableaux commandés et achetés par la Direction des bâtiments du Roi”, ni dans les relevés de la cassette de la marquise, et les conditions de realisation de ce célèbre portrait restent donc mystérieuses. La signature de l’artiste est par contre particulièrement instructive : “Peint par Drouais le fils, la tête en avril 1763 et le tableau fini en mai 1764”. C’est donc après le décès de la Marquise de Pompadour, survenu en avril 1764, que l’artiste termina son portrait.
S’il n’en existe pas de réplique connue, deux tableaux, plus petits et de forme ovale, en reprennent le motif central : la marquise à mi-corps, à son métier à broder (une version dans les collections royales anglaises et l’autre au musée Condé de Chantilly).
Notre composition, dans son format également ovale, mais la marquise les mains dans son manchon de fourrure blanche, est une réplique par Drouais du tableau conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans (ovale, mis au rectangle postérieurement). Celui-ci, tout comme le tableau de la National Gallery, est signé avec précision “peint par Drouais le fils /la tête retouchée d’après nature en juin 1763”. Il s’agit donc bien de la composition première, que Drouais complèta ensuite pour représenter le modèle brodant dans son riche intérieur, son chien appuyé sur son métier à broder.
Tant l’immense succès du tableau que le décès de la marquise de Pompadour, à peine âgée de 42 ans, amenèrent plusieurs commanditaires à en demander des répliques à Drouais. Parmi les oeuvres autographes, on peut citer le portrait appartenant (en 1905) au baron Guy de Rothschild, celui provenant des collections du conte de Chaponay, une version dans les collections Choiseul-Gouffier (jusqu’en 1949), ainsi qu’une autre en collection privée Suisse.
Notre tableau, en parfait état de conservation, et encore dans son cadre d’origine, qui venait s’insérer dans un décor de boiseries, est de particulièrement belle de qualité.
Nous avons pu, grâce à la directrice des musées d’Orléans, organiser une confrontation des deux tableaux, qui sont indéniablement de la même main. En effet, tant le rendu ciselé des broderies que les carnations ou encore la fourrure sont parfaitement similaires (les détails du tableau d’Orléans étant sur la gauche). On retrouve malgré tout quelques variantes, comme dans le noeud sur la gauche de notre toile, où l’on peut même deviner un repentir.
Un des plus grands mécènes du XVIIIe siècle français, la marquise avait une influence déterminante sur Louis XV et, par l’intermédiaire de son frère, le surintendant des Bâtiments, Marigny, sur la politique culturelle du royaume.
Biographie : Né en 1727, François-Hubert débuta auprès de son père peintre, Hubert Drouais (1699-1767), ce qui explique qu’il signa “Drouais le fils” jusqu’à la mort de celui-ci.
Il poursuivit ensuite son apprentissage auprès des artistes les plus importants de l’époque, Carle van Loo, Natoire et Boucher et fut reçu à l’Académie avec le Portrait de Coustou et le Portrait de Bouchardon (Paris, musée du Louvre) en 1758. Appelé à Versailles, il travailla pour Madame de Pompadour puis pour Madame du Barry, et devint le principal portraitiste de la Cour, à mi-chemin entre deux générations, celle de Nattier et celle de Madame Vigée-Lebrun. Il obtint, parmi ses commandes de la famille royale : Le duc de Berry et le comte de Provence (1757, Musée d’Art, Sao Paulo), ou encore Le comte d’Artois et sa sœur (1763, Paris, musée du Louvre).