Jean-Baptiste Monnoyer
(1636 Lille – Londres 1699)
Nature morte de fruits et de fleurs dans des ruines
Huile sur toile
Exécutée vers 1670
BIBLIOGRAPHIE : Michel faré, « Le grand siècle de la nature morte en France, le XVIIème siècle », Fribourg, Paris, 1974, pp 198 et 199, reproduit comme attribué à Pierre Dupuis ; Claudia Salvi, « Trois peintres de fleurs à Meudon : Jean-Baptiste Monnoyer, Antoine Monnoyer et Jean-Baptiste Blin de Fontenay », dans le « Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art Français », 1998, p.24, fig.7 ; Claudia Salvi, « D’après nature, La Nature morte en France au XVIIe siècle », La Renaissance du Livre, Tournai, 2000, p.191, ill. p.190
Originaire de Lille, Jean-Baptiste Monnoyer débuta sa carrière à Anvers, comme peintre d’Histoire. Il abandonna ensuite ce genre pour se consacrer aux natures mortes de fruits et de fleurs, peut-être influencé par Jan Davidsz de Heem, comme cela fut parfois avancé.
S’étant installé à Paris aux alentours de 1655, Monnoyer fut reçu à l’Académie dix ans plus tard. Il mena une brillante carrière, notamment grâce à Le Brun, qui le prit comme principal collaborateur et le fit participer à de nombreux chantiers royaux dont Vincennes, Saint-Cloud, ou encore Versailles. Ses œuvres, des dessus-de-porte ou d’autres éléments de décors, furent fréquemment remaniées ou déplacées au gré des goûts, finissant souvent par disparaître de leur lieu de destination. Il n’exposa qu’une fois au Salon, en 1673, sous le nom de Baptiste.
Devenu l’un des peintres les plus réputés du règne de Louis XIV, Monnoyer bénéficiait d’une situation particulièrement avantageuse. Il décida néanmoins de quitter la France, vers 1685, à la demande de Lord Montagu, ambassadeur d’Angleterre. Il passa ainsi les quinze dernières années de sa vie à Londres, où il connut un immense succès.
Rarement signées, les natures mortes de cette période furent souvent mal attribuées. Notre toile, tout comme la « Nature morte aux poires, grenades et pastèques sur un entablement » (Sotheby’s, New York, 12 janvier 1989, °106) fut longtemps donnée à Pierre Dupuis. Les « Fruits et ruines d’architecture », conservés à l’Ambassade de France près le Saint-Siège (Inv.3948) furent, quant à eux, déposés par le musée du Louvre comme œuvre Alexandre-François Desportes, en 1933.
Une chaude lumière baigne notre composition, que l’on peut rapprocher de deux autres toiles de l’artiste, son morceau de réception, « Fleurs, fruits et objets d’art » (Musée Fabre, Montpellier), et les « Fruits et ruines d’architecture » du Vatican. Ce dernier tableau fut identifié par madame Salvi comme l’une des natures mortes exécutées pour le château de Meudon et mentionnées dans L’Inventaire des peintures laissées à Meudon par la marquise de Louvois, dressé en 1695, et publié par Biver en 1923 (« Histoire du château de Meudon », Archives Nationales, Paris).
Ces trois œuvres sont à dater des débuts de la carrière de l’artiste, entre 1665 et 1675. En plus de leurs indéniables ressemblances, elles ont cette même matière, très lisse, avec des jeux de transparence dans les glacis, directement héritée des artistes hollandais, que Monnoyer abandonna ensuite au profit d’une touche plus large, avec de nombreux empâtements.
Les vestiges d’architecture, morceaux d’entablement et fûts de colonne en pierre, érodés ici et là, sont recouverts d’un amoncellement de fruits, encore sur leurs branches, disposés dans un savant désordre. Parmi ceux-ci, les grappes de raisins d’Italie, aux grandes feuilles soyeuses et dorées, les grenades entrouvertes, et les tranches de melons sont des éléments récurrents dans les œuvres de Monnoyer.
La gamme chromatique de notre tableau, particulièrement délicate et nuancée, ainsi que sa disposition en frise, très élégante, en font un bel exemple de l’art de Monnoyer, si recherché de son vivant.
85 x 158 cm
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