(1686 Paris – Beauvais 1755)
Levrette blanche
Huile sur toile
81 x 99 cm
Signé et daté en bas à gauche : JB. Oudry 1748
Provenance : collection Chesnard de Sorbay, château de Geneston (Loire-Atlantique, France) ; collection de La Porte, château de l’Ansaudière (Mayenne, France) ; collection Andrea Busiri Vici, Rome ; sa vente Sotheby’s, Londres, 10 juillet 1968 ; acquis de cette vente par J. Heargraves, Allemagne.
Jean-Baptiste Oudry fut l’un des artistes les plus prolifiques et les plus accomplis de son temps. Oudry s’exerçât à tous les genres en peinture, mais il atteint le sommet de sa renommée sous le règne de Louis XV en peignant des sujets animaliers et cynégétiques. Il peignit de nombreuses scènes de chasse, des animaux exotiques et domestiques, des paysages, des portraits et des natures mortes. Il pratiqua à la fois en tant que peintre d’histoire et peintre de genre, il fut également un illustrateur de talent et l’auteur de nombreuses suites de modèles de tapisserie. Oudry est présenté au jeune Louis XV par le marquis de Beringhen, premier écuyer du roi. Le roi le nomma alors peintre ordinaire de la vénerie royale.
Le tableau, qui représente une levrette dans un paysage, s’inscrit dans cette tradition de représentation des chiens sous la forme de véritables portraits individualisés dans les familles aristocratiques et bourgeoises, reprenant ainsi un genre qui remonte à l’époque de la Renaissance italienne. Cette pratique du portrait canin, déjà introduite à la cour de France par Desportes sous Louis XIV, se poursuit sous le règne de Louis XV. A la demande du roi, Oudry exécute une célèbre série de portraits des chiennes de sa meute, destinée à orner l’appartement royal au château de Compiègne. Les chiens de Louis XV étaient représentés dans des paysages accompagnés d’une mention de leur nom en lettres d’or, telles Misse et Turlu (1725), ou encore Polydore, chien de la meute royale (1726), tableaux tous deux conservés au Musée national du château de Fontainebleau. Ici, l’identité de la jeune chienne et de son propriétaire demeurent inconnues, mais l’on reconnait chez cet animal toute la distinction d’un chien de chasse ayant appartenu à une personnalité de haut rang.
Ici, la levrette est portraiturée parée d’un collier en velours bleu ciel gansé de fil d’or qui fait écho, à travers une savante répartition de touches bleutées alliées à un camaïeu de verts et de marrons, à un élégant paysage montrant la forêt et un ciel lumineux. La position du chien prenant appui sur ses pattes arrière et tournant la tête vers la gauche permet de rapprocher cette œuvre du tableau représentant Misse et Luttine (National Gallery, Washington, Inv. 1994.53.1) peint par Oudry pour le roi en 1729.
Comme dans la série des portraits qu’il fit des chiens de Louis XV, Oudry s’applique dans ce tableau à décrire la tête de l’animal et son regard, à retranscrire précisément sa morphologie qui mêle élégance et force. Le peintre saisi l’attitude de la chienne en mouvement, muscles tendus. Son pelage à poil ras blanc permet de souligner les lignes de sa musculature fine et puissante, soutenue par l’utilisation délicate de la lumière et des ombres. Le peintre a su rendre ici la grande expressivité du chien dans son attitude. Le traitement de la tête et le rendu sont délicats, tant dans le rendu du pelage que dans celui de l’expression de l’animal. Cette œuvre, datée de 1748, confirme l’importance du développement du portrait canin auprès des élites, dans la continuation des commandes royales.