(1755 Paris – Auteuil 1837)
Le cortège du baptême du roi de Rome, Paris
Huile sur panneau
43 x 55 cm
PROVENANCE : Exposé au salon de 1812, sous le numéro 404 ; Collection Bacri, Paris, jusqu’en 2017
La naissance, le 20 mars 1811 au palais des Tuileries, de l’union de Napoléon et de Marie-Louise d’Autriche, d’un enfant de sexe mâle, revêtit une importance politique considérable, en assurant à l’empereur un héritier et au régime un successeur. Prince impérial, il fut titré roi de Rome dès sa naissance.
Notre tableau représente le passage du carrosse impérial, reconnaissable à ses armes, son brillant équipage, ainsi qu’à son escorte nombreuse, sous les fenêtres pavoisées de certaines des plus belles maisons de la capitale. Situé à l’angle de la rue de Caumartin et du boulevard de la Madeleine, l’hôtel Marin-Delahaye fut construit en 1779 pour un fermier général qui fit de son vaste toit-terrasse un jardin féérique avec pyramide, pont chinois, arcs de treillage et ruisselet qui irriguait d’eau les salles à manger et bains de l’immeuble. L’hôtel existe encore aujourd’hui, tout comme la maison qui lui fait face, à droite de la berline impériale, l’hôtel d’Aumont, propriété d’un pair de France qui accepta avec enthousiasme les principes de la Révolution. Pavoisés pour cette grande occasion, les balcons sont garnis d’une foule nombreuse et enthousiaste, où le sens du pittoresque charmant de Garneray est servi par un pinceau d’une précision de miniaturiste.
Au premier plan de la composition, une entrée imposante gardée par des grenadiers de la Garde, donne peut-être une indication sur l’origine ou la commande de notre tableau. Il s’agit du porche de l’hôtel de la Colonnade, construit en 1726, à l’angle du boulevard et de la rue des Capucines, pour Legendre d’Armini, directeur de la compagnie de Saint-Domingue et beau-frère d’Antoine Crozat. Résidence parisienne de Dupleix, le gouverneur des établissements de l’Inde, la maison appartint ensuite à Septeuil, premier valet de chambre de Louis XVI, puis fut saisie en 1793. Elle fut ensuite affectée à Bonaparte, récemment nommé général, commandant l’armée de l’intérieur après la répression de l’insurrection royaliste devant l’église Saint-Roch. C’était son domicile lorsqu’il se maria avec Joséphine, le 9 mars 1796.
Mais, depuis 1807, l’hôtel, dont le vaste jardin dominait le boulevard, appartenait au prince de Wagram, le maréchal Berthier. C’est à lui, le Major général de la Grande Armée que Napoléon avait confié le soin de le représenter à Vienne, lors de son mariage par procuration avec Marie-Louise, le 11 mars 1810.
C’est dans ce Paris élégant, aristocratique et à la mode des grands boulevards, dans ce paysage urbain luxueux qui inspira Boilly et Isabey, que Garneray situe et réalise avec une minutie virtuose l’un des épisodes dynastiques essentiels du premier empire, alors au sommet de sa gloire.