Trois figures de la « Réception du grand Condé par Louis XIV » (Tableau conservé au Musée d’Orsay, Paris)
Mine de plomb
305 x 205 mm chaque
Les trois, signés et dédicacés à M. Bardoux , ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts , et à son épouse
Nos trois feuilles reprennent les figures principales du célèbre tableau de Gérôme « La Réception du Grand Condé par Louis XIV » , huile sur toile, 1878, Musée d’Orsay.
Après « Louis XIV et Molière », conservé à la Malden Public Library, exécuté en 1863, Gérôme choisit, quinze ans plus tard, de s’inspirer de nouveau d’un épisode de la vie du roi. On sait de par sa correspondance qu’il avait eu l’idée de cette scène en voyant le tableau d’un de ses amis, et qu’elle lui permettait de réutiliser les costumes qu’il avait achetés, par souci de réalisme, pour « L’éminence grise », aujourd’hui au Museum of Fine Arts de Boston.
Dans le tableau, acheté au peintre par William Henry Vanderbuilt, la scène représentée est en grande partie imaginaire. Si elle eut bien lieu, le 2 novembre 1674, c’est à Saint-Germain-en-Laye, et non à Versailles, et cet accueil de Condé n’eut rien de triomphal. En effet, la victoire de Seneffe remontait au 11 Août et avait été quelque peu éclipsée par celle de Turenne à Entzheim, le 4 octobre.
C’est dans le cadre du Grand Degré, l’Escalier des Ambassadeurs, que Gérôme choisit de situer la scène, s’attachant à rendre les lieux de manière la plus exacte possible, et ce, malgré tous les changements effectués par Louis XV et par Louis Philippe. Si Gérôme utilisa la gravure de Louis Surugue, publiée en 1725, pour reconstituer le célèbre escalier, détruit en 1752, il est amusant de remarquer qu’il ne comprit pas les personnages feints de Le Brun, qui se penchent ici pour admirer le spectacle. D’une théâtralité inouïe, le tableau final met en scène un Louis XIV empreint d’une certaine morgue, avec à ses côtés, le grand dauphin, et derrière celui-ci, Bossuet.
La cour semble ne former qu’un seul bloc derrière le monarque, tandis que Condé se présente seul, l’immensité de l’escalier le séparant des autres protagonistes. Grâce à sa vision en contre-plongée, Gérôme réussit à placer d’office le spectateur du côté de ce dernier.
Nos trois dessins sont dédicacés à M. Bardoux et à son épouse. Il s’agit d’Agénor Bardoux (1829-1897), écrivain et homme politique français, nommé en 1877 (soit un an avant l’exécution du tableau de Gerôme) Ministre de l’instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts.
Proche de Thiers, ami de Flaubert, George Sand, ou encore Maupassant, Bardoux fréquentait les cercles littéraires et érudits de l’époque, dans lesquels il croisait fréquemment amateurs et collectionneurs, tels les Goncourt ou encore Chennevières.
Elu en 1871 député à l’assemblée de Versailles, Bardoux y vécut de nombreuses années, ce qui pourrait expliquer son intérêt pour le tableau de Gérôme.