THÉODORE ROUSSEAU
(1812 – 1867)
Promeneur dans un paysage
Plume et encre brune
115 x 157 mm
Cachet L. 2436 rouge en bas à gauche
Vers 1850 – 1860
Provenance : Collection particulière , France (depuis le XIXe siècle)
Artiste majeur de l’essor du paysagisme dans la peinture française du XIXe, Rousseau consacra sa vie à ce genre alors considéré comme mineur, tant à l’école des Beaux-Arts que dans les jurys des Salons.
Rousseau était à la fois fasciné par les exemples merveilleux du siècle d’or hollandais, dont il reprit le médium emblématique, l’encre brune, dans nombre de ses feuilles, ainsi que par les maîtres de l’école anglaise, Gainsborough, Constable et Turner. Le Salon de 1824 avait en effet été un révélateur pour nombre de jeunes artistes français, très marqués par les œuvres exposées par Bonington et Constable.
Après être rentré dans l’atelier de Rémond, Grand Prix de Rome en 1821, alors très réputé pour ses paysages, Rousseau commença à se rendre tous les week-ends à Saint Cloud, Compiègne ou encore Fontainebleau, où il travaillait sur le motif. S’étant présenté au Prix de Rome de 1829, Rousseau renonça devant le sujet qui lui était imposé et décida de tout abandonner pour voyager à travers la France.
Ami de Decamps, entré lui aussi en révolte contre l’académisme, et familier de la jeune école romantique qui appréciait tant sa dextérité technique que sa nature tourmentée, il se lia avec Ary Scheffer et Gérard de Nerval.
Durant les années 1830-1840, Rousseau voyagea en province, et exposa quelques oeuvres au Salon à partir de 1831. Très peu d’entre elles furent en fait acceptées, et un terrible sentiment d’incompréhension, doublé d’une réelle précarité pécuniaire accompagnèrent malheureusement Rousseau durant presque toute sa carrière.
Théophile Gautier, dans son Salon de 1858, décrivait ainsi l’artiste « Théodore Rousseau, le bafoué, le proscrit, l’excommunié, le paria du jury, celui que, pendant quinze ans, des haines systématiques ont tenu éloigné du public et muré en quelque sorte dans son talent comme dans une tour ».
Rousseau partit pour Barbizon, où il travailla sans cesse, reprenant ses œuvres qui ne le satisfaisaient jamais, et ne dut son salut qu’à la Révolution de 1848, qui modifia toutes les règles, et vit le jury du Salon nommé par les artistes.Tout devint alors possible pour Rousseau qui fut enfin réellement découvert. Le comte de Nieuwerkerke lui apporta son soutient et les années 1850 furent les plus heureuses de sa vie.
Notre Promeneur dans un paysage est à dater de ces années, entre 1850 et 1860.
L’extrême fraicheur de notre dessin, dans une collection particulière depuis le XIXe siècle, ainsi que son exécution vive et sensible, en font une œuvre particulièrement forte malgré son format réduit. Comme toujours chez Rousseau, la nature y apparaît presque vide de toute présence humaine, seul un promeneur solitaire venant animer la composition.
Le traitement des feuillages est tout à fait caractéristique de Rousseau. On le retrouve notamment dans Chêne à Fontainebleau (Michel Schulman, Théodore Rousseau, 1997, n°746) ou dans les Rochers et arbres au bord d’une rivière (Schulman op. cit. n°574). Les fines lignes sinueuses indiquant les nuages, à peine remplies de quelques hachures sont elles aussi récurrentes chez Rousseau (Arbres au bord d’une rivière, musée du Louvre R.F.5942).