(1725 Tournus – Paris 1805)
L’Amour dictant une lettre à une jeune fille
Pinceau, encre et lavis rehaussés de gouache blanche sur papier bleu
410 x 306 mm
Vers 1765/70
PROVENANCE :
Vicomte de Pluvinel, Paris, Sa vente, Paris, 19-20 Avril 1830, n° 79;
Vente, Paris, 21 Mars 1840, n°56; Wildenstein and Co., New York ; Emile E. Wolf,
New York, puis sa descendance
Comme le soulignait Edgar Munhall, ancien conservateur de la Frick Collection, grand spécialiste de l’artiste, et rédacteur du catalogue de l’exposition de référence de 1977, notre feuille est à mettre en rapport avec un tableau conservé à la Wallace collection, à Londres, La veuve inconsolable, daté de 1763.
Le sujet commun des deux œuvres met en scène l’absence de l’être aimé, représenté par un buste placé en exergue sur un piédouche. Ce sujet élégiaque (c’est à dire, évoquant sous une forme poétique la mort ou la souffrance amoureuse due à l’abandon ou à la séparation) est emblématique des thèmes sentimentaux chers à l’artiste.
L’ambiance très néo-classique du dessin (costume à l’antique et mobilier «à la grecque», comme le piédestal ou le brule-parfum) est novatrice pour cette époque. Greuze avait été en contact en 1759 avec Ange-Laurent de Lalive de Jully, un des grands collectionneurs de cette époque et amateur de ce nouveau style.
Avec Vien et à la suite des artistes français « piranésiens » comme Louis-Joseph Le Lorrain ou Noël Hallé, Greuze sera l’un des initiateurs de ce courant nouveau qui révolutionnera l’art européen dans la seconde moitié du 18e siècle, trouvant avec David une forme d’apothéose.
Notre dessin qui a été réalisé sur un papier bleu resté très frais, met en œuvre une technique complexe mêlant plume, lavis et rehauts de gouache blanche.
Il a probablement été conçu par Greuze comme une œuvre autonome, et non pas comme un travail préalable. Ces feuilles étaient alors fort recherchées et « payés prodigieusement par quelques curieux » selon les mots de Mariett.