(1739 Paris 1821)
La Sainte Famille
Huile sur toile
151 x 93 cm
Encadré : 164,5 x 105,5 cm
Vers 1770
Cadre de style Louis XV
Bibliographie : Sera inclus dans le catalogue Raisonné des œuvres de l’artiste par Monsieur Joseph Assemat-Tessandier.
C’est auprès de son frère, artiste déjà reconnu et établi, Louis-Jean-François, que Jean-Jacques Lagrenée débuta son apprentissage. Prometteur, le jeune artiste entra à l’école de dessin de l’Académie mais ne continua pas son cursus, préférant suivre son frère à Saint Pétersbourg où l’Impératrice Élisabeth lui avait confié la direction de l’Académie. Le jeune Jean-Jacques travailla un peu auprès de son frère et réalisa un certain nombre de gravures à l’eau forte et, à la mort de l’impératrice, tous deux rentrèrent en France.
Souhaitant à tout prix faire le voyage à Rome mais n’ayant pas poursuivi son cursus à l’Académie, c’est grâce à l’aide de son frère et au soutien du marquis de Marigny que Jean-Jacques Lagrenée put partir pour l’Italie. Il obtint une chambre au palais Mancini, et eut même l’autorisation exceptionnelle de suivre une année de cours. Ce séjour le marqua profondément, notamment par la découverte des fouilles archéologiques de Pompéi et d’Herculanum. Il fit en effet de très nombreux croquis et relevés, qu’il grava et publia de nombreuses années après, en 1784, dans des recueils de planches d’après l’antique. Lagrenée fut également, avec Boizot, l’auteur du Service Etrusque de la Laiterie de Rambouillet, et de son célèbre « bol-sein ».
C’est de cette période qu’est née sa réputation de peintre « plafonnier » après quelques beaux plafonds exécutés dans le goût « arabesque » en Italie. Lagrenée rentra en France en 1769, et quelques mois plus tard fut agréé à l’Académie. Le morceau de réception qui lui fut alors confié témoigne de l’estime qu’on lui portait déjà puisqu’on lui demanda d’exécuter un des grands cartouches de la voûte de la galerie d’Apollon, « L’hiver », après que Taraval ait exécuté « L’Automne ». Lagrenée ne finit son morceau qu’en 1775, date à laquelle il fut présenté au Salon avant d’être mis en place au Palais du Louvre.
Jean-Jacques Lagrenée reçut plusieurs commandes religieuses prestigieuses en début de carrière, pour la plupart après son retour de Rome. Il exécuta notamment un Baptême du Christ pour la Cathédrale de Tours, dans lequel on retrouve déjà les tons blonds dorés corrégiens de notre Sainte Famille. Les Chartreux de Paris lui commandèrent également cinq tableaux, dont la Présentation au temple, retrouvée après la Révolution dans la chapelle du Grand Trianon. Il réalisa deux grands tableaux pour la Cathédrale d’Anvers, toujours in situ, et en 1780, fut choisi par le comte d’Angiviller pour exécuter deux tableaux de l’ensemble sur la vie du Christ pour la chapelle de Fontainebleau.
On retrouve dans notre Sainte famille le bouillonnement de draperies cher à l’artiste, ainsi que quelques tons récurrents dans ses œuvres comme le beau vert olive du drapé recouvrant la table, également à l’arrière plan de l’Allégorie relative à l’établissement du museum dans la grande galerie du Louvre. De la même manière, les nuées tourbillonnantes font partie du répertoire décoratif de l’artiste, tant dans ses œuvres religieuses, comme dans La chute des idoles et le repos pendant la fuite en Egypte ( MBA, Rennes), que dans les sujets mythologiques.
Tout comme dans Le Repos pendant la fuite en Egypte (collection privée) une douce lumière chaude baigne notre scène familiale intimiste. Tant l’accumulation de drapés de couleurs que les rubans noués dans les cheveux de la Vierge lui confèrent une certaine élégance malgré la simplicité du lieu, à peine suggéré.
Monsieur Joseph Assemat-Tessandier, qui prépare après le catalogue raisonné des œuvres de Louis Lagrenée, celui des œuvres de son frère, Jean-Jacques Lagrenée, nous a confirmé l’attribution de notre tableau, ainsi que sa datation, qu’il situe juste après son retour de Rome, vers 1770.