ALEXANDRE EVARISTE FRAGONARD
(1780 Grasse-Paris 1850)
Le triomphe d’Homère
Huile sur toile
130 x 196 cm
Signé en bas, à gauche : A. Fragonard
Vers 1830
ACTUELLEMENT PRÉSENTÉ À L’EXPOSITION « ALEXANDRE EVARISTE FRAGONARD, LE FILS PRODIGE » DU MUSÉE D’ANGOULÊME (JUSQU’AU 3 JANVIER 2021)
Alexandre-Evariste Fragonard, qui s’est toujours distingué de la minutie virtuose et précieuse de la mode troubadour par ses compositions ambitieuses, dramatiques et mouvementées, a choisi de mêler dans une vaste scène, où cohabitent plusieurs dizaines de personnages, différents épisodes de la guerre de Troie.
Homère est représenté tenant la lyre des aèdes (poètes de la Grèce ancienne) alors que Zeus le couronne, consacrant sa gloire littéraire au panthéon des génies du monde antique. Assis dans un hémicycle qui entoure le roi des dieux et le prince des lettres, les sages de l’antiquité, les philosophes semblent débattre des mérites d’Homère et apporter leur caution à son couronnement.
Plusieurs scènes dans lesquelles on peut reconnaître la mort d’Hector, principal défenseur de la cité et fils de Priam, roi des Troyens, et l’étreinte de Pâris et d’Hélène, dont l’enlèvement fut la cause du conflit se superposent au premier plan.
La poussière du champ de bataille se confond avec la fumée des braseros alors que les chevaux haletants du char d’Achille témoignent de la violence et du tumulte des combats.
Le corps de Patrocle, son compagnon, apparait au premier plan, dépouillé de son armure, alors que le corps d’Hector, traîné trois fois par Achille autour des murs de la cité, repose sur le sol, au centre de la composition.
On ne connait pas l’origine de la commande de notre tableau. Y en eut-il seulement une? Le thème classique de cette œuvre ambitieuse semble anachronique à une époque où les thèmes les plus en vogue sont ceux de l’Histoire nationale et où le moyen-âge et la renaissance ont éclipsé l’antiquité. AE Fragonard, qui a exposé pour la première fois au salon de 1793 semble revenu aux thèmes en vogue au début du siècle lorsque les artistes nés de la Révolution et actifs sous l’Empire ne juraient que par les héros grecs et romains.