AUGUSTE RODIN
(1840-1917)
Assemblage de deux mains
Esquisse pour « La Cathédrale »
Bronze à patine brune
15 x 9 x 6,2 cm
Signé : A. Rodin
Numéroté : 4/12
Conçu en 1900 et fondu en janvier 1944
Fonte au sable
Provenance : Musée Rodin, Paris ; collection Minet 1944 ; Collection privée ; Drouot, Gros & Delettrez, 08/03/2018; Collection privée France.
Notre Assemblage de deux mains, aussi appelé Etude pour La Cathédrale fait partie des séries des « mains monuments » réalisées par Rodin dans les années 1890-1910.
Passionné par l’expressivité sans fin de ces parties du corps qui pouvaient, une fois isolées des figures, avoir une vie autonome et devenir des sujets à part entière, Rodin créa plusieurs oeuvres majeures : La Cathédrale, Le Secret, Les mains d’amants, La main de Dieu, ou encore La main du Diable. Dans toutes, les mains, tels des visages, laissent transparaitre les émotions ; le marbre, plus lisse, conférant douceur et sérénité, tandis que le bronze renforce au contraire l’intensité dramatique, accentuant la crispation des muscles.
Tels des fragments d’antique, inépuisables sources d’inspiration à travers les siècles, ses petites maquettes furent conservées par Rodin, retravaillées ; le sculpteur les torturant, les magnifiant jusqu’à atteindre l’expressivité ou la spiritualité recherchée (voir Hélène Marraud, La main révèle l’homme, catalogue de l’exposition, musée Rodin, 2005). Rainer Maria Rilke témoigna dans ses Lettres à Rodin « La participation de l’air a toujours été d’une grande importance pour lui » (1928). Tant les jeux d’ombre et de lumière que les parties laissées en creux étaient ainsi particulièrement étudiés.
Comme souvent, La Cathédrale ne reçut son titre que dans un second temps, vraisemblablement en lien avec Les Cathédrales de France, ouvrage publié par Rodin en 1914. La cathédrale est la synthèse du pays (…) Roches, forêts, jardins, soleil du Nord, tout cela est en raccourci dans ce corps gigantesque ; toute notre France est dans les cathédrales, comme toute la Grèce est dans le Parthénon. » (Auguste Rodin, Les cathédrales de France, 1914).
L’artiste fait lui-même dans son recueil l’analogie entre les voûtes d’ogives des cathédrales et des mains en prière. Dans l’œuvre finale il ne s’agit pourtant pas de mains se rejoignant pour prier puisque l’artiste, qui avait créé sa composition sur une main droite (n°30) et une main gauche (n°2), choisit finalement de mettre en regard deux mains droites.
Si de nombreux tirages du Secret sont apparus sur le marché ces vingt dernières années, les esquisses pour les Cathédrales sont plus rares.
Une seule épreuve de notre composition se trouve aujourd’hui dans une collection publique, au Musée des Beaux-Arts de Buenos-Aires (Inv. 7766, fonte au sable Alexis Rudier).
Un modèle similaire en pierre est reproduit dans le catalogue du Musée Rodin de 1927 (G. Grappe, n°340, p. 109), tandis qu’un autre est mentionné dans le catalogue du Rodin Museum of Philadelphia (F.G. Watkins, 1929) sous le numéro 40.
Notre bronze est particulièrement bien documenté puisqu’il est accompagné du certificat établi par Georges Grappe, conservateur du musée Rodin, après sa fonte pour le compte du musée. Comme mentionné sur le certificat, c’est Eugène Rudier, fils et successeur d’Alexis Rudier, qui exécuta le bronze. La fonderie, qui avait scrupuleusement conservé ses techniques, continua d’apposer la signature « Alexis Rudier » jusqu’à la mort d’Eugène, en 1952.
Notre bronze est également accompagné du reçu du musée Rodin lors de la vente de l’œuvre à un collectionneur privé, monsieur Minet, domicilié 34 rue Washington à Paris, le 11 Août 1944.