CARL WILHELM HOLSOE
(Ecole danoise, 1863-1935)
Intérieur au violoncelle
Huile sur toile
58,5 x 50,5 cm
Signé en bas à gauche : C. HOLSOE
Provenance : Georg Kleis Kunsthandel, Vesterbro 58, Copenhague ; Collection privée, Suède
Notre élégante scène d’intérieur nous invite à rentrer dans l’œuvre intimiste de Carl Vilhelm Holsoe, un des plus grands artistes de l’école danoise de la fin du XIXe et des premières décennies du XXe siècle. Holsoe débuta son apprentissage à l’Académie Royale de Peinture de Copenhague, de 1882 à 1884. Il suivit ensuite, avec Vilhelm Hammershoi et Peter Ilsted, l’enseignement de Peder Severin Kroyer au Kunsternes Studieskole. Les trois artistes, qui restèrent ensuite liés, devinrent les plus célèbres peintres de scènes d’intérieur scandinaves.
Quand Holsoe fit ses débuts à Charlottenborg, en 1886, ce dernier écrivit que son tableau « semblait presque être un manifeste ». Déjà, son incroyable sens de la lumière, directement hérité des artistes de l’âge d’or hollandais, tels que Vermeer et de Hooch, rencontra un grand succès. La Jeune fille lisant dans un intérieur, conservée au Statens Museum for Kunst de Copenhague, en est un des plus beaux exemples.
Les scènes d’intérieur d’Holsoe, dans lesquelles le temps semble s’être arrêté, invitent à la rêverie et à la contemplation. Elles sont parfois animées d’une figure féminine, l’épouse et muse de l’artiste, Emilie Heise (1868-1930) , qui avait épousé Holsoe en 1894. On ne perçoit que rarement son regard, le spectateur semblant toujours surprendre la jeune femme dans sa vie quotidienne, sans que celle-ci n’y prête attention. C’est le cas sur notre toile, ou encore dans la Femme au panier de fruits conservée au Musée Thyssen Bornemisza de Madrid (vers 1900-1910).
Dans ces œuvres intimistes, Holsoe invite le spectateur à pénétrer dans son propre intérieur.
Son épouse est ici représentée dans leur cabinet de musique, lisant devant une épinette, un violoncelle appuyé auprès d’elle. Les deux instruments se retrouvent dans plusieurs œuvres de l’artiste, dont l’une, particulièrement proche, sans aucune présence humaine, exécutée à quelques mois ou à quelques années de distance. Toutes ces œuvres, élégantes et sereines, ne sont pas sans rappeler les intérieurs monochromes et silencieux d’Hammershoi, rythmés, comme ici, par des jeux de portes (on peut notamment penser au très bel lntérieur, Strandgade, 30 du Städel Museum de Francfort, exécuté en 1901). Holsoe resta toujours très influencé par les œuvres de son ami, bien qu’il n’en reprenne pas le dépouillement, si caractéristique du grand maître danois.