FRANCOIS-ANDRÉ VINCENT
(Paris, 1746 – 1816)
Esquisse pour « La Leçon d’agriculture »,
conservée au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
Huile sur toile
66 x 55 cm
1797-1798
Provenance : Vente anonyme, Paris, Galerie Georges Petit, 23 juin 1922, lot 15 (comme Ecole anglaise fin XVIIIe siècle ; « Ce tableau pourrait être attribué à J.-C. Ibbetson ou à J.-R. Smith ») ; acquis à cette vente puis légué à François de Chasseloup Laubat par sa grand mère Ernesta Louis Stern décédée le 7 mai 1926 ; resté depuis dans la descendance
Bibliographie : J.-P. Cuzin, « Autour de l’enlèvement d’Orythie. Esquisses de Vincent dans les musées français », in Revue du Louvre, 1980, n°2, p. 87 note 27 ; J.-P. Cuzin, « Vincent reconstitué » in Connaissance des Arts, mars 1986, n°409, p. 43 ; M.-P. Bault, « La leçon de labourage par François-André Vincent (1746-1816) », in Gazette des Beaux-Arts, août 1987, p.15, note 5, fig. 5 ;J.-P. Cuzin, « Vincent entre Fragonard et David », Paris, 2013 p.480 n°549P, ill. p. 214.
Cette charmante esquisse qui met en scène une élégante famille bourgeoise des dernières années du XVIIIe siècle promenant dans la campagne, tout en étant traité comme un tableau indépendant, prépare les trois personnages situés au second plan de L’Agriculture de François-André Vincent (Salon de 1798, musée des Beaux-Arts de Bordeaux). Il s’agit de l’esquisse que mentionne Jean-Pierre Cuzin dans son catalogue raisonné de Vincent, récemment paru aux éditions Arthéna, alors perdue, mais toutefois reproduite en noir et blanc (549P, p. 214).
La leçon d’Agriculture, fut commandée par l’industriel François-Bernard Boyer-Fonfrède pour son hôtel particulier de Toulouse (Vincent exécuta quelques années plus tard, en 1801, le très beau portrait « La Famille Boyer-Fonfrède, aujourd’hui à Versailles (Musée national du Château).
Notre esquisse, peinte à l’huile sur toile, présente les époux, parents du jeune homme instruit par le vigoureux paysan du tableau final, accompagnés d’une fillette blonde. Quelques variantes viennent différencier notre esquisse du tableau du musée de Bordeaux : la fillette ne regarde pas sa mère, la mère est brune tandis qu’elle deviendra blonde dans la composition finale, et le père, qui ne porte pas de couvre-chef, semble plus jeune sur notre toile. La tenue des personnages, et notamment la longue robe de la femme, l’importance accordée au paysage, ainsi que la délicatesse et la liberté de la touche expliquent l’attribution erronée de notre esquisse à l’école anglaise lors de son passage en vente à la Galerie Georges Petit en 1922. Cette proximité avec la peinture anglaise fait figure d’exception dans la peinture française de la fin du XVIIIe siècle, et témoigne de l’exceptionnelle curiosité de Vincent.
Si La leçon d’Agriculture est une des œuvres les plus importantes de la carrière de Vincent, elle est aussi l’une de celle pour laquelle on conserve le plus de projets et d’études. On peut citer parmi ceux-ci, le très beau dessin reprenant la composition d’ensemble de la collection Prat, la Tête de paysan du Musée de Lons-le-Saunier, ou encore la célèbre esquisse L’agriculteur et son élève conservée à la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe (Huile et pierre noire sur toile ; 60 x 49 cm).
Un dessin perdu, issu de la collection Chennevières, est récemment passé en vente à Bordeaux le 21 octobre dernier.