(1743 Bruges – Rome 1807)
Vue de l’aqueduc de Néron
Sanguine
450 x 323 mm
Exécuté vers 1774
Bibliographie : Sophie Join-Lambert et Anne Leclair, Joseph-Benoît Suvée, 1743 – 1807, un artiste entre Bruges, Rome et Paris, 2017, p. 302, n° D.181.
Peintre de portraits et de tableaux d’Histoire, Suvée étudia à l’Académie de Bruges avant d’arriver à Paris en 1763, où il devint l’élève de Bachelier. Il remporta le prix de Rome en 1771 et séjourna en Italie de 1772 à 1778. Influencé par Fragonard (qu’il fréquenta probablement, sans que cela puisse être prouvé), Robert, mais aussi Piranèse, il a laissé de nombreuses vues des monuments antiques de la ville éternelle.
Revenu en France, il mena une carrière académique à succès et travailla régulièrement pour les Gobelins. Il retourna à Rome en 1801, comme directeur de la Villa Médicis, et y vécut jusqu’à sa mort, en 1807, un an après Fragonard.
On a parfois pensé que le site représenté était l’intérieur du Colisée, cependant, comme il est indiqué dans le catalogue cité en bibliographie, « l’identification avec l’Aqueduc de Néron peut être confirmée, en particulier grâce à l’arrière plan qui s’ouvre sur une voix montante et en haut de laquelle se détachent les volumes d’un édifice en abside où l’on reconnaît la basilique San Giovanni e Paolo, bâtie sur la colline du Celio, et de la silhouette de l’église San Gregorio ».
La construction de l’aqueduc débute sous Néron, qui prolonge ainsi l’aqueduc de l’Aqua Claudia, et qui l’utilise notamment pour approvisionner la Domus Aurea. Il s’agit d’un des édifices les plus audacieux architecturalement parlant de la Rome Antique. Les arches en brique suintantes et noircies contrastent avec les ors et la blancheur du Palatin.
Notre sanguine, d’une belle fraîcheur, présente le monument sous un angle original, vu en contre-plongée, ce qui accentue sa monumentalité. Quelques soldats s’y reposent, donnant ainsi l’échelle de la composition. La Vue de la Villa Adriana (Paris, Fondation Custodia, Institut Néerlandais) ou La vue de la tombe du jardin des capucins à Catane (Paris, Louvre) présentent dans une technique différente (la pierre noire) le même traitement synthétique, remarquablement fidèle à la réalité.
Une autre version autographe de notre feuille est conservée au musée des beaux-Arts de Rouen.