(1774 Paris-Rome 1833)
Etude pour le portrait de Louis de La Rochejaquelein
Pierre noire rehaussée de blanc, sur papier bleu
610 x 460 mm
1819
Bibliographie : Fabien Pillet dans Le Journal de Paris, 31 août 1819; Delécluze dans Le Lycée français, 20 octobre 1819; « Les Portraits des généraux vendéens, commande et critique, diffusion et destin », dans La Gazette des Beaux-Arts, mai-juin 1973, p 175-191.
Guérin reçut de la monarchie de nombreuses commandes, dont beaucoup demeurèrent à l’état de projets ou d’ébauches. Il acheva en revanche les portraits de généraux vendéens qui décorèrent la salle des gardes du château de Saint-Cloud : Henri de La Rochejaquelein, général vendéen, et Maurice-Joseph-Louis Gigost d’Elbée, généralissime des armées vendéennes (tous deux exécutés en 1817 et conservés au Musée de Cholet).
Envoyé tardivement au Salon, le portrait d’Henri de La Rochejaquelein suscita un intérêt particulier car pour la première fois, Guérin avait accepté de peindre des portraits.
Notre dessin préparatoire fut exécuté en 1819 pour le portrait de Louis du Vergier, marquis de La Rochejaquelein, dernier généralissime des armées de Vendée (Musée d’Art et d’Histoire de Cholet).
Envoyé par Wellington pour organiser l’insurrection vendéenne, celui qui avait été l’âme de la dernière résistance à la République et à l’Empire, avait été abandonné par la plupart des chefs vendéens, séduits par les propositions des émissaires de Fouché. Resté presque seul, Louis de La Rochejaquelein fut tué dans un dernier combat, le 3 juin 1815.
Exposé au Salon de 1819, avec ceux de Charrette et de Lescure, le portrait de Louis de La Rochejaquelein fut le seul à recevoir des éloges. Sur le sabre du tableau, l’inscription a changé : ‘Louis de La Rochejaquelein’ a remplacé le devise vendéenne ‘Dieu et le Roi’. On mesure bien grâce au dessin, l’attention portée par Guérin à la tension des lignes.
Si les nuages, le drapeau blanc flottant au vent et les coups de feu tirés par les combattants aidèrent bien sûr à dramatiser la scène, notre dessin montre que la force du tableau réside avant tout dans le magnétisme du héros. La fermeté des lignes, réduites à quelques diagonales, la finesse du trait, tracé sans repentir et souligné par quelques valeurs, font vibrer la figure du général, dernier des révoltés. L’art de Guérin, mélange de discipline et d’ardeur extrême qui frappa Baudelaire, se trouve ici pleinement illustré.