ÉCOLE FRANÇAISE DE LA FIN DU XVIIE SIECLE,
Le Sans Pareil espagnol, ville de Dinan
Huile sur toile
45 x 55 cm
Vers 1700
C’est l’un des militaires les plus fameux de son époque, souvent victorieux et couvert d’honneurs par Louis XIV, le comte de Tessé René III de Froulay, marquis de Lavardin (1648-1725) qui est à l’origine de l’ambitieuse commande de dix-sept portraits de chevaux, à laquelle a probablement appartenu notre toile.
Chevalier de l’ordre du Saint-Esprit, grand d’Espagne, maréchal de France, Tessé était issu d’une très ancienne famille de la noblesse d’épée et disposait de moyens considérables. Il meubla avec recherche, goût et panache son château de Vernie et son hôtel particulier du Mans. Il rassembla ainsi plusieurs suites de tableaux qui décoraient, incluses dans des boiseries, des pièces auxquelles elles donnèrent leur nom : la « salle des Maîtresses » des rois à cheval ou la « salle des Empereurs antiques ».
Si elle n’apparait pas dans un premier inventaire dressé en 1746, la suite des dix-sept toiles « représentant un cheval » est bien décrite dans une liste de saisie révolutionnaire de 1794.
Six de ces tableaux sont aujourd’hui conservés au musée du Mans, dont Le Fameux du haras de Monseigneur, Le Ministre irlandais, Le Fin Barbe, Le Charmant anglais et L’Éclatant.
Plusieurs toiles présentant des caractéristiques similaires, un cheval présenté de profil, se détachant devant une ville ou un paysage et dont le nom est porté sur un phylactère doré, sont apparues sur le marché de l’art ou sont conservées dans des collections privées. On peut ainsi mentionner, Le Derviche turc devant la ville de Candie (autrefois dans la collection Beistegui au château de Groussay) ou Le Tigre français, ville de Tournai.
L’existence de deux versions pour certaines des œuvres de la série, comme Le Tospot anglais, ville d’Ypres, ou notre Sans Pareil espagnol, ville de Dinan (un exemplaire récemment apparu sur le marché de l’art allemand, vente Lempertz, Cologne,…) rend très vraisemblable la réalisation d’une seconde série. Notre toile présente, sur la silhouette du cheval, une série de petits trous, réalisés à la pointe d’une aiguille à la manière d’un poncif, ce qui nous amène à y voir une première version qui aurait été par la suite dupliquée.
L’identité de l’auteurs (ou des auteurs) de cette série de portraits équestres, unique en France et peut-être inspirée par les célèbres chevaux du Palazzo Té de Mantoue ou par des gravures de Stradanus, reste à découvrir.
On peut toutefois noter que deux des toiles apparues sur le marché de l’art sont signées de Jean-Baptiste Duru (1672-1709) et de Michel Landois, des artistes ayant travaillé à la Manufacture des Gobelins dans l’entourage de Van der Meulen. Les paysages présents à l’arrière-plan des différentes compositions sont directement repris de dessins ou de peintures de la main du maître, ce qui corrobore l’hypothèse d’une réalisation parisienne, dans les cercles artistiques proches de la couronne.