(Londres 1727 – 1802 Vorderbrühl)
Portrait présumé de Wenceslas Antoine, prince de Kaunitz-Rietberg (1711-1794)
Pinceau, encre et lavis gris sur pierre noire
523 x 435 mm
Essais de lavis gris au revers
Vers 1785
Provenance : Collection Charles Huard (1874-1965), Versailles ; Galerie Cailleux, Paris, en 1936
Né à Londres de parents vénitiens, frère de Jean-Jacques Casanova, auteur des célèbres « Mémoires », Francesco fut l’élève de Giacommo Guardi à Venise, où il copia aussi les œuvres de Simonini. Casanova s’installa à Paris en 1751, puis se rendit, l’année suivante, à Dresde, où il resta jusqu’en 1757, étudiant et copiant les meilleurs tableaux de bataille de la galerie des Électeurs de Saxe. À son retour à Paris en 1758, il entra dans l’atelier de Charles Parrocel. Bien qu’il n’ait pas connu un succès immédiat, il reçut néanmoins des critiques favorables, dont celles de Denis Diderot qui écrivit : « En vérité, cet homme a bien du feu, bien de la hardiesse, une belle et vigoureuse couleur […] On dit que Salvator Rosa n’est pas plus beau que cela, quand il est beau […] Ce Casanova est dès à présent un homme à imagination, un grand coloriste, une tête chaude et hardie, un bon poète, un grand peintre ».
Il commença peu à peu à recevoir des commandes de quelques monarques européens, puis fut agréé par l’Académie royale de peinture et de sculpture le 22 août 1761. Il y fut reçu le 28 mai 1763 avec son Combat de cavalerie comme morceau de réception. Ses dessins, d’une grande liberté, ses paysages, ses scènes pastorales et, surtout, ses batailles s’inspirent avec brio de Parrocel, de Courtois ou encore de Wouwermann. Ils sont traités avec une fougue témoignant à la fois aussi bien de l’influence des grands Vénitiens que de celle de Fragonard.
La célébrité de Casanova gagna toute l’Europe et il reçut des commandes du prince de Condé (1768-1775 : Bataille de Rocroi, Lyon, École de médecine militaire), de Catherine II, ou encore de Mme du Barry (4 panneaux : l’Orage, l’Ouragan, Attaque de voleurs, Rupture d’un pont, provenant de son pavillon de Louveciennes, aujourd’hui conservés au musée de Rennes).
C’est quand il était réfugié à Vienne, grâce à l’amitié du prince de Ligne, que Casanova fit la connaissance du ministre, le prince Kaunitz, et attegnit le sommet de son succès. Il semble qu’outre son habileté en tant que peintre, le prince de Ligne appréciait sa conversation particulièrement brillante et son caractère extraverti, semblable à celui de son frère Giacomo, dont le prince était et resta l’un des amis les plus dévoués.
Diplomate et homme politique autrichien, au service de la monarchie des Habsbourg, Kaunitz (Vienne 1711 – Mariahilf, 1794) était membre du Conseil aulique du Saint-Empire romain et un adepte du despotisme éclairé. Conseiller proche de Marie-Thérèse d’Autriche et de son fils, l’empereur Joseph II, il fut nommé Chancelier d’État et chef de la diplomatie autrichienne à la veille de la guerre de Sept Ans, et a marqué la Révolution diplomatique de 1756 en créant l’alliance avec la France contre la Grande-Bretagne et la Prusse.
Casanova réalisa deux grands portraits équestres de Kaunitz, aujourd’hui conservés au musée historique de Vienne (Historisches Museum der Stadt Wien,) et dans les collections du prince de Liechtenstein (238 x 198 cm).
Notre dessin, qui provient de la galerie Cailleux en 1936, a également appartenu à Charles Huard, grand admirateur des frères Casanova, puisqu’on retrouve un exemplaire des célèbres Mémoires de Giacomo Casanova mentionné comme comprenant un ex libris de sa main.