La Vierge à l’Enfant avec saint François et saint Jean-Baptiste
(Lyon, 1596 – Paris, 1657)
Huile sur marbre
38,2 x 42,6 cm
Vers 1635
Provenance : Vente Joseph Artaud, Paris, 15 novembre 1791, lot numéro 90 ; Sotheby’s, New York, 28 janvier 1999, lot 403 ; Collection particulière de la côte est des Etats-Unis
Fils de François Stellaert, peintre d’origine flamande installé à Rome en 1576, puis à Lyon, Jacques Stella naquit dans cette ville en 1596. Vers 1619, il partit pour Florence où il travailla pour Cosme II de Médicis. Il y rencontra probablement déjà Nicolas Poussin et Jacques Callot. Stella quitta Florence pour Rome en 1622 ou 1623, où il se lia d’amitié avec Poussin, arrivé en 1624. Stella se rendit célèbre dans le monde des amateurs italiens par ses petits tableaux peints sur des supports précieux : marbre, agate, lapis, ardoise, ainsi que par ses gravures et dessins. En 1634, ayant reçu des offres du roi d’Espagne, il quitta Rome dans la suite du maréchal de Créqui, ambassadeur de France. Il passa par Venise, s’arrêta à Lyon en 1635, puis à Paris. Retenu par Richelieu qui le prit à son service, il se fixa dans la capitale du royaume. Couvert de faveurs, il bénéficiait d’un logement au Louvre et d’une pension considérable. Il reçut plus tard le collier de l’ordre de Saint-Michel, rare honneur pour un artiste.
Longtemps délaissé par les historiens d’art, Stella est pourtant l’un des grands peintres du XVIIème siècle français. Son art est puissant et sobre, et ses compositions solidement équilibrées sont peuplées de figures sculpturales et dépouillées qui attestent sa connaissance de l’Antique. La facture lisse et porcelainée de ses dernières œuvres, les couleurs fondues dans une lumière froide et abstraite, firent de Stella un des plus importants représentants de l’atticisme parisien des années 1640, et un modèle du néo-classicisme.
Comme souvent lorsqu’il peint sur pierre, Stella tire parti du matériau, dont il utilise les propriétés plastiques. Stella, dans notre tableau, laisse le fond en réserve pour donner plus de présence à ses figures. On peut rapprocher notre œuvre des nombreuses Sainte Famille peintes par Stella dans la seconde moitié des années 1630 et au début des années 1640, dont la Sainte Famille avec saint Jean et l’agneau est un parfait exemple. Sylvain Kerspern confirme cette datation, puisqu’il y voit une œuvre de transition entre la manière romaine de Stella, encore empreinte d’agitation baroque, et celle, plus classique, qu’il adopte de retour en France, et propose de la situer entre 1634 et 1637