(1774 Paris – Rome 1832)
Vue de la petite ville de la Cava, dans le royaume de Naples,
prise du côté de Salerne
Huile sur toile
71,5 x 98 cm
Signé en bas à gauche : P. Chauvin
Circa 1810
PROVENANCE : Peut-être collection du duc de Talleyrand-Périgord (1754-1838) ; par descendance, Alexandre-Edmond (1787-1872) (son neveu) ; Napoléon- Louis (1811-1898) ( son petit neveu) ; peut-être vente de la succession duc de Talleyrand, Valençay et Sagan, galerie Georges Petit, 2 décembre 1899, n° 11 (Pommier), 175 francs
EXPOSITION : Peut-être Salon de 1810.
BIBLIOGRAPHIE : Charles Gabet, Dictionnaire des Artistes de l’école française du XIXe siècle, Paris, 1831, p. 138 ; Louis Bellier-Auvray, Dictionnaire des Artistes de l’école française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours, Paris, 1882, p. 244 ; Jacques Foucart, David à Delacroix, Paris, 1974, p. 349 ; Marie-Madeleine Aubrun, « Pierre-Athanase Chauvin », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français Paris, 1977, p. 200, n°19.
Pierre-Athanase Chauvin, issu d’un milieu parisien modeste séjourne entre 1795 et 1800 dans l’atelier de Pierre-Henri de Valenciennes (auteur du fameux traité de perspective à l’usage des peintres de paysages paru en 1799 pour y étudier la perspective dans le paysage. Il débute ainsi sa carrière en s’illustrant principalement par des paysages historiques. En 1802, Chauvin part pour l’Italie avec l’un de ses amis l’écrivain Jourdan (journal des débats) il dessine la campagne de Rome, Naples et ses environs. Deux ans plus tard, Chauvin s’installe définitivement à Rome.
Paul Marmottan est le premier à citer une lettre de Talleyrand à Chauvin, datée du 30 fructidor de l’an XIII (15 sept 1805) lui offrant sa protection, « N’ayez Monsieur aucune inquiétude pour le présent ni pour l’avenir ». Cette rencontre permet à l’artiste de poursuivre ses études à Rome et lui apporte une aisance financière moyennant une contribution annuelle de deux paysages. Ses envois au Salon pour ces premières années sont intermittents, 1793, 1796 et 1801. Il continue cependant d’envoyer de Rome ses œuvres au Salon parisien et ceci jusqu’en 1831. A Rome il se lie d’amitiés avec quelques artistes dont Pierre-Narcisse Guérin, les paysagistes Boguet (père), Fabre, Bodinier et Granet mais également il est un des témoins du mariage d’Ingres en 1813, ce dernier réalisant le portrait de l’artiste ainsi que celui de son épouse.
L’étude sur Chauvin réalisée en 1977 par Marie-Madeleine Aubrun reste à ce jour la seule biographie sur l’artiste. Le manque d’informations sur les débuts de l’artiste à Paris, le manque d’échanges épistolaires avec Talleyrand son protecteur et l’absence à ce jour d’un inventaire après décès ne favorisent en rien à l’établissement d’une base d’un catalogue de l’œuvre peint.
La répétition de sites peints d’après nature ne facilite nullement l’établissement d’une provenance cohérente pour chacun d’entres eux. Trois versions pour La Vallée de Narni avec les ruines du pont d’Auguste dont une perdue exposée au Salon de 1827. Même constatation pour notre tableau de La Cava dont deux autres versions nous sont connues. Si l’on considère l’envoi de deux œuvres par an depuis 1802 à Talleyrand jusqu’au décès de l’artiste en 1832[5] c’est à dire environ soixante paysages… que sont-ils devenus ? En aurait-il vendus de son vivant comme cela semble être le cas pour la Vue de la Ruffinella[6] acquise en 1824 par l’Etat pour 1500 francs pour les collections de Charles X. Rien à ce jour des archives Talleyrand Valençay et Sagan ne nous renseigne sur l’état voire la localisation des tableaux Chauvin au décès du duc en 1838. Sans héritiers directs le duc établit-il une donation à sa nièce préférée la duchesse de Dino ? Née Dorothée de Courlande, elle est l’épouse d’Alexandre-Edmond Talleyrand (neveu). Napoléon-Louis de Talleyrand (petit neveu) hérite du château de Valencay, à sa succession, ce sont seulement six œuvres de Chauvin qui apparaissent à la vente organisée par la galerie Georges Petit en 1899. Des trois versions connues de La Cava, seule celle présentée chez le marchand londonien Hazlitt est datée de 1810. Difficile d’affirmer aujourd’hui que cette version est bien celle ayant appartenue au duc de Talleyrand.
Le présent tableau représente la ville de la Cava en Campanie avec l’abbaye de la Sainte Trinité, le couvent di Casa Maria et l’église de Saint François et Saint Antoine, une vue prise de la route de Salerne avec sur les hauteurs au fond de la composition, le Monte Finestra qui culmine à 1138 m.
Le site de la Cava a été peint par d’autres artistes proches de Chauvin, pour ne citer que les plus célèbres Bidauld, Boisselier, Brascassat, ils ont su rendre avec la finesse qu’on leur connaît la beauté du lieu.