(1836-1912)
Antium vue depuis l’extérieur des remparts
Aquarelle sur graphite
385 x 515 mm
Signé en bas à gauche : L Alma Tadema
Provenance : Acquis auprès de l’artiste par Sir Henry Irving (1838-1905), sa vente après décès, Londres, Christie’s 16 décembre 1905, n°23, acquis par Gooden & Fox, Londres ; vente Christie’s New York, 15 février 1985, n°363 ; vente Tokyo, Mainichi Auction, 7 décembre 2019, n°921
Exposition : Londres, Scenic Artists Association, 1905 ; London Royal Academy, Works by Sir Lawrence Alma-Tadema,R.A.,O.M., 1913, n°133
Bibliographie : R.P. Spiers, « The Architecture of Coriolanus at the Lyceum Theatre », Architectural Review, X, 1901, pp.20-21, reproduit p.21 ; R.P. Spiers « Archeological Research in the Paintings of Sir Lawrence Alma-Tadema », Architectural Review, XXXIII, 1913, p.48, reproduit planche XIII ; R.Barrow, Lawrence Alma-Tadema, Londres, 2001, reproduit p. 166
Alma-Tadema fut sollicité plusieurs fois pour créer des décors de théâtre, comme ici pour Coriolan, d’après Shakespeare, mis en scène par sir Henry Irving en 1880. Pour ces décors, Alma-Tadema opta pour une architecture et des objets archéologiques étrusques,, même si ce héros de la Rome du Ve siècle av. J.-.C avait combattu les Volsques et non les Etrusques. Ces derniers étaient alors à la mode en Angleterre, et Alma-Tadema, fidèle à son méticuleux souci de réalisme archéologique, s’inspira des dernières découvertes des tombes peintes de Tarquinia, de Volterra, de Vulci et de Cerveteri, réalisées à partir de 1820. Il s’inspira également de ses propres voyages, ainsi que des abondants détails donnés sur les différents sites, réunis dans le célèbre roman de George Dennis, The Cities and Cemeteries of Etruria. Publié en 1848, celui-ci était devenu la bible de tous les voyageurs érudits en terres étrusques.
Une fois encore, Alma-Tadema montra toutes les ressources qu’il pouvait tirer de la science archéologique de son temps, dont il était l’observateur appliqué (voir Colombe Couëlle. Alma-Tadema ou les couleurs de l’Antiquité. Travaux & Documents, 2007).
Comme l’a écrit Bram Stoker (directeur du théâtre Lyceum et auteur de Dracula) : « L’idée était nouvelle d’amener des spécialistes de différentes époques à appliquer leurs compétences personnelles ainsi que leurs connaissances archéologiques pour créer un effet de scène… Irving voulait que les choses soient correctes, sachant que ce qui est exact est le plus susceptible de convaincre. »
On sait que Tadema avait achevé une « magnifique série d’études pour la pièce » en juillet 1880, mais il fallut vingt et un ans avant que la pièce ne soit jouée au Lyceum – car Irving voulait tirer le meilleur parti de la jeunesse de son actrice principale Ellen. Il lui avait donc fait jouer des pièces comme « Roméo et Juliette », « La Douzième Nuit » et « Beaucoup de bruit pour rien » avant de revenir aux tragédies romaines.
La pièce a finalement débuté le 15 avril 1901 avec Irving lui-même dans le personnage principal, aux côtés d’Ellen Terry dans le rôle de Volumnia.
La présente aquarelle fut exécutée par Alma-Tadema pour l’acte III mais ne fut finalement pas utilisée car l’artiste avait prévu de trop nombreux changements de décors, alors irréalisables en un temps restreint. Certains de ses éléments ont par contre été réutilisés dans d’autres scènes.
Notre décor a ainsi été décrit en 1913 : « Antium vu de l’extérieur des murs de la ville ». Dans le portail d’entrée, on reconnaît la porte étrusque de Pérouse flanquée de deux énormes tours. Les créneaux et les murs sont basés sur ceux qui ont été trouvés dans la partie la plus ancienne de Pompéi, il y a un mur extérieur d’environ 30 pieds de haut et un mur intérieur au-delà d’environ 16 pieds plus haut. Au-dessus des murs de la ville se trouve un autre mur entourant la citadelle, dont les ouvertures semi-circulaires sont semblables à celles qui existaient dans les murs de Servius Tullius à Rome. Au loin se trouve le temple principal, de l’ordre toscan, inspiré du tombeau de Norchia. Devant le temple se trouve le grand autel, dont on ne voit que la fumée qui s’élève du sacrifice, et devant ce haut piédestal qui porte la déesse phénicienne à deux ailes Astarté.
On peut citer , parmi les dessins préparatoires pour Coriolan, la très belle feuille conservée au Victoria and Albert Museum (E.2182-1924, 1901, 374 x 494 mm), ou encore l’Intérieur de la maison de Caius Martius (Manchester City Art Galleries).