ADOLF ULRIK WERTMÜLLER
(1751 Stockholm – Wilmington, USA, 1811)
Portrait d’une jeune fille
Huile sur toile
41 x 32,5 cm
Signé : A. Wertmuller.f. /à Paris 1786
Provenance : Alfred Bergs, Djursholm
Bibliographie : Albin Roosval « Svenka Hem i och Bilder », 1915, BankirAlfred Bergs hem och samlingar », p. 17 et 19
Elève d’un sculpteur français à Stockholm, le jeune Wertmüller débuta réellement sa carrière à Paris, où il vint passer quelques années. Inscrit aux Beaux-Arts en 1772 comme « protégé par M. Roslin », chez lequel il est domicilié, il est ensuite mentionné comme élève de Vien. Souhaitant devenir peintre d’Histoire, il partit pour Rome, où il passa trois années, avant de rejoindre Lyon, sur les conseils de Roslin. Il y resta un peu plus d’un an, exécutant pendant cette courte période pas moins de 28 portraits de notables de la région, qui témoignent du succès et de la réputation qui étaient alors les siens.
Dès 1783, il fut adopté par la haute société suédoise à Paris, qui voyait en lui le digne successeur d’un Roslin vieillissant. Ce dernier lui présenta notamment le ministre de Suède, le comte Gustave Creutz, précieux commanditaire pour le jeune artiste. Agréé en 1783, Wertmüller fut reçu le 31 juillet de l’année suivante avec les deux portraits de Caffieri (Museum of Fine Arts, Boston) et de Jean-Jacques Bachelier. Ces deux chefs-d’œuvre furent redécouverts lors de la grande rétrospective à Versailles des « Artistes Suédois en France au XVIIIe siècle » (1945).
L’appui de Gustave III ainsi que le soutien de Gustaf Mauritz Armfelt, favori du roi, et du comte de Staël, conduisirent à la commande du Portrait de la Reine Marie Antoinette et de ses enfants (1785). Fini en Août 1785, puis envoyé en Suède, ce tableau emblématique est aujourd’hui exposé au Nationalmuseum de Stockholm. Cette prestigieuse commande, et la jalousie qu’elle avait engendrée à son égard, provoquèrent une énorme cabale des artistes français, outrés qu’un portrait royal de cette importance ait été confié à un étranger. Wertmüller alla jusqu’à écrire « Ce tableau a été la cause de ma ruine et je n’ai rien eu à faire pendant deux ans ». Il reçut en effet très peu de commandes, si ce n’est celle du comte de Vergennes, ministre des affaires étrangères de Louis XVI et de quelques nobles suédois et anglais installés à Paris.
En 1787, Wertmüller exposa au Salon Un enfant jouant avec un chien (le fils de Mme Campan), ainsi que, sous le numéro 129, Plusieurs portraits et têtes d’enfants. Il est tout à fait possible que notre jeune fille, tout comme un autre portrait de même format et également daté 1786 , aient fait partie de cet ensemble, bien que nous ne puissions l’affirmer.
Notre jeune fille, pleine d’esprit, n’est pas sans rappeler les portraits de madame Vigée-Le Brun, célèbre portraitiste elle-aussi de la reine Marie-Antoinette et de ses enfants.